À son retour de mission, Michelle Lohner, Présidente d’AaZ France, partage avec nous un aperçu des transformations qui bouleversent le Zanskar. Alors que cette région isolée du Ladakh était autrefois accessible uniquement après de longs treks à travers les montagnes, les infrastructures routières ont considérablement évolué au cours des trois dernières décennies.
Le Zanskar n’a jamais été aussi proche de Leh.
Lors de la création de la LMHS, rejoindre l’école relevait d’une véritable aventure. Le voyage commençait par un vol de Paris à Delhi, suivi d’un vol pour Leh, où l’atterrissage sur une piste militaire courte était souvent périlleux. Ensuite, il fallait entreprendre un trek d’une douzaine de jours, franchissant des cols à près de 5000 mètres d’altitude, pour enfin atteindre Pibiting.
Au cours des 30 dernières années, le Zanskar s’est progressivement rapproché de Leh, notamment grâce à l’ouverture de routes passant par Kargil, réduisant le voyage à seulement deux jours. L’arrivée du bitume a encore réduit la durée du trajet, mais il fallait toujours passer par Kargil et parcourir 450 km.
Depuis 2022, année de notre retour au Zanskar après la pandémie de Covid, une nouvelle voie s’est ouverte : la piste par le Sengge La. Bien que le trajet soit encore éprouvant, avec environ douze heures de route, nous avions désormais la possibilité de faire le voyage en une seule journée.
La grande nouveauté de 2024 est l’ouverture de la route du Chaddar, officiellement nommée NPD (Nimo, Padum, Darcha), qui suit l’itinéraire légendaire de la grande traversée du Zanskar. Certains randonneurs nostalgiques regretteront sans doute la disparition des longs treks autrefois nécessaires pour parcourir cette région, mais les Zanskarpas, eux, ont opté pour la facilité des déplacements.
La création de l’Union Territoriale du Ladakh (UT du Ladakh) a permis d’injecter des fonds en provenance du gouvernement central de Delhi. La persévérance des élus locaux, en particulier celle de Stanzin Lakpa, a rendu possible la réalisation de ce rêve fou : une route praticable en toutes saisons, longeant la vallée du Zanskar. Comme l’a souligné Stanzin Lakpa, « c’est l’aboutissement d’un projet de trente ans, avec une vision de créer une route stratégique pour la défense, tout en reliant les populations et en comblant les lacunes d’accès aux services essentiels comme la santé, l’éducation et les opportunités économiques. »
Cet été, nous avons eu le privilège d’emprunter cette nouvelle route. Départ à 4h30 du matin, arrivée à Pibiting à 11h, avec une pause d’une heure à Nyerak, soit seulement 5h30 de trajet !
Inutile de chercher cette route sur Google Maps, elle n’y figure pas encore !
